Les architectes pensent-ils à l’opérationnel

Soyons francs, beaucoup d’entre nous se sont extasiés devant une œuvre architecturale conçue par un grand nom dans ce domaine, qu’elle ou qu’il s’appelle Hadid, Gehry, Nouvel, Forster, Piano, Chipperfield ou Herzog & De Meuron ou autres.

Ils sont passés maîtres dans l’art de vendre une belle histoire, un rêve, un concept et c’est naturellement magnifique en comparaison avec la plupart des constructions sans relief, fades ou d’une triste banalité. A qui la faute : nul besoin de se renvoyer la balle car nous sommes tous un peu complices.

Mais le propos est ailleurs : les grands noms de l’architecture pensent-ils toujours à l’opérationnel. Car il y a une différence de taille entre une belle réalisation et un bon contenu : l’architecture n’échappe pas à cette logique.

Pour avoir eu le privilège de voir travailler de grands noms de l’architecture et de visiter quelques réalisations iconiques dans le monde, force et de constater que les logisticiens ont été souvent oubliés : matériaux demandant un traitement spécial, accès mal dimensionnés, liaisons verticales trop petites, circulations complexes et surfaces aux formes bizarres.

Le dicton précise « qu’il ne faut jamais laisser jouer les intellectuels avec les allumettes » : les architectes sont des intellectuels et de grands artistes, ce qui est souvent éloigné du pragmatisme et du rationnel dans bien des cas.

Les sponsors de grands projets sont souvent les CEO, conseils d’administration, fonds d’investissement ou autres qui pensent « design » en oubliant l’opérationnel : un bâtiment vit durant des dizaines d’années avec des utilisateurs qui souhaitent non seulement « du beau » mais aussi « du bien conçu ».

Il serait temps d’intégrer les logisticiens et les spécialistes FM dans les réflexions lorsque le projet n’est pas encore abouti et validé : cela éviterait de nombreuses désillusions lors de la remise des clés du bâtiment.

Il est vrai que cette approche n’est pas attrayante à première vue car elle génère des discussions souvent houleuses et difficiles avec les architectes-artistes fiers de leurs œuvres dont le mandant – le payeur – n’a finalement pas grand-chose à dire face à « une référence ».

L’intégration de toutes les parties aux discussions exige que chacun sorte de sa zone de confort et accepte le compromis. C’est le prix à payer pour ne pas avoir à gérer des incohérences durant des années. Intégrer ne veut pas dire pervertir ou amoindrir un projet, c’est lui ajouter des forces au contraire.

Sans rancune Mesdames et Messieurs les architectes et courage aux spécialistes du Facility Management !

Bonnes réflexions et bonne lecture.

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