Savoir les écouter

La plupart des entreprises évoquent le changement générationnel avec plus ou moins de passion et de compréhension. Le font-elles parce que c’est « tendance » ou ont-elles une réelle préoccupation vis-à-vis des générations d’aujourd’hui et de demain ?

A constater la manière dont sont prises les décisions, le manque d’anticipation et d’inclusion face à des souhaits, demandes ou autres questionnements des jeunes générations, on peut aisément en douter.

Que le sujet ne soit pas simple à traiter fait certainement partie du jeu et nul n’a certainement « la » bonne solution pour tenir compte des fossés générationnels qui se creusent dans les milieux professionnels. Le simple fait de refuser l’évidence que la pandémie à fondamentalement accéléré la transformation vers un monde du travail hybride n’en n’est qu’un exemple…

Mais il devient urgent d’intégrer les souhaits des jeunes générations dans les réflexions sur les espaces de travail et la manière d’appréhender le travail. Faisant partie depuis longtemps des « anciennes générations », il est particulièrement préoccupant de constater que même de plus jeunes dirigeants ne soient pas capable d’appréhender et d’aborder ces sujets essentiels pour le bon fonctionnement des entreprises, voire de leurs survies !

Pour certains responsables, aller dans le sens des jeunes générations, c’est plier, c’est se faire dicter sa conduite alors qu’il n’en est rien : « diriger, c’est prévoir » dit-on, alors pourquoi n’est-il pas possible d’intégrer ce principe lorsqu’il s’agit des jeunes travailleurs ?

Qu’ils ne veuillent plus consacrer autant de temps au travail que leurs ainés, qu’ils veuillent apprendre sinon ils partent, qu’ils n’aient plus de plans de carrière (à qui la faute d’ailleurs ?) sont des faits. Cela ne signifie encore pas qu’ils ne sont pas efficients, efficaces, loyaux ou de bons travailleurs : ils aspirent simplement à travailler « autrement ». Les priorités ont changé et cela demande une certaine adaptation et parfois certaines désillusions, mais est-ce cela qui doit empêcher un patron de revoir sa copie en matière de conduite ?

Le mode de formation dual en Suisse peut, mieux que dans la plupart des autres pays, contribuer à trouver des solutions pragmatiques. En effet, les patrons confrontés en permanence à des jeunes en formation en entreprises peuvent « sentir ou percevoir » les tendances actuelles mieux que d’autres et ainsi, s’adapter en douceur aux nouvelles exigences du monde du travail : il faut en profiter !

Enfin, il faut noter que les changements souhaités dans les entreprises ne sont pas que le fruit de la jeune génération, mais de beaucoup. La pandémie a été un extraordinaire accélérateur dans ce domaine et la plupart des employées et employés souhaitent pouvoir mieux gérer leurs espaces temps. Pourquoi le refuser ?

Il est certain que chaque entreprise doit trouver ses propres solutions, mais occulter ces profonds changements sociétaux, c’est se couper des futurs forces de travail et oublier que la guerre des talents n’a jamais été aussi forte qu’actuellement.

Gageons que les patrons et leurs équipes dirigeantes sauront écouter les jeunes générations et ne pas leur attribuer des qualificatifs et des intentions qui sentent un peu la naphtaline…

Bel été, belle semaine, bonnes réflexions et bonne lecture.

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