La vie professionnelle a fortement évolué ces dernières décades et si les longues carrières dans une même entreprise deviennent des exceptions, elle n’en demeure pas moins un marathon.
Au-delà des exigences des collaboratrices et collaborateurs qui diffèrent fortement avec leur âge, – après une certaine impétuosité de la jeunesse fait place une forme de stabilité souhaitée – il est important de se projeter sur le moyen et long terme. A ce sujet, on constate souvent une confusion entre penser à long terme et agir selon ce même modèle.
Il devient difficile aujourd’hui de se projeter dans une perspective à moyen ou long terme tant l’environnement, les contraintes, les exigences, les possibilités évoluent à un rythme très soutenu. Ceci n’empêche nullement les individus d’avoir une vision sur ce qu’ils souhaitent faire ou atteindre.
Parcourir sa vie professionnelle en courant un sprint après un autre peut constituer un stimulant extraordinaire, voire une forme d’apaisement intellectuel : chaque étape étant visualisable, qualifiable et quantifiable. Peut-on cependant se satisfaire de ces étapes à court terme pour une carrière professionnelle ?
Une carrière professionnelle n’est rarement un long fleuve tranquille et se décline souvent à force de succès, d’échecs, de promotions, de remises en cause. Est-ce pour cela que nous devrions voir le court terme comme une planche de salut nous permettant de masquer les exigences du marathon ?
Certes, il faut pouvoir fêter les succès chaque fois qu’ils se présentent car ils constituent de magnifiques jalons dans une vie professionnelle mais il est tout aussi important de prendre conscience qu’il ne s’agit « que » d’une étape qui s’inscrit dans un tout logique.
Les carrières actuelles deviennent souvent très fracturées et aléatoires. Il n’y a aucun mal à ce cela, mais il faut être particulièrement bien outillé pour résister aux à-coups de la vie. Concilier le court et le long terme avec succès tient souvent de la gageure, d’une grande maîtrise « technique », voire de beaucoup de résilience.
Nos sociétés sont devenues très exigeantes, obligeant à la performance de tous les instants alors que certaines opérations, dossiers et succès ne peuvent s’inscrire que sur la durée : encore faut-il avoir la capacité de prendre en compte le tout et non l’élément du tout.
Les exigences du marché, des clients, des fournisseurs, de la société en général, ont transformé l’approche à long terme en une constellation de véritables coups à courts termes. Le marathon de la vie professionnelle s’est donc transformé avec le temps en une série de sprints rapides, menés selon le temps chronométrique au lieu du temps de la construction.
Tous les métiers ne se ressemblent naturellement pas et même s’il « n’est point de sot métier », certaines activités sont plus « valorisantes » à titre personnel que d’autres. Au-delà de ce propos, chaque activité peut apporter de grandes satisfactions, le tout étant d’être en accord avec sa projection professionnelle à long terme, soit son propre marathon.
Ceci rappelle étrangement la fameuse métaphore du voyageur croisant trois ouvriers, le premier malheureux lui disant casser des cailloux, le deuxième indiquant construire un mur et le troisième, épanoui et rieur, lui indiquer construire une cathédrale. Et si la vie professionnelle s’inscrivait dans cette troisième perspective ?
Pouvoir se projeter à long terme tout en étant capable de courir quelques sprints, c’est peut-être cela le gage d’une vie professionnelle heureuse et épanouie.
Bonnes réflexions, belles semaines et à bientôt.