Alors que les petites structures sont généralement épargnées par les décisions politiques, la plupart des grands groupes sont confrontés à ce vieux démon qui prend le dessus sur l’opérationnel pour d’obscures motivations.
Dans ces groupes ou grandes organisations, il est courant d’entendre la phrase « tu as raisons, mais politiquement, cela n’est pas défendable ». Que peut faire un cadre subalterne ou pire - un collaborateur - face à de tels propos et situations : pas grand-chose, sauf s’il veut jouer au va-t’en guerre et potentiellement perdre son poste…
Cette approche « politique » est certes souvent détestable sur le plan de l’éthique et de la déontologie professionnelle, mais difficile à combattre. Bien que les solutions ou mesures suivantes puissent paraître modestes, elles ont le méritent d’exister et de fonctionner selon nos expériences :
• Analyser si le minutage est le bon : il arrive d’avoir une bonne idée trop tôt et que la haute direction ne soit pas prête à entendre le message. Dans ce cas, il faut patienter et revenir avec le sujet ultérieurement. Il arrive que des changements à la Direction favorisent ces nouvelles tentatives…
• Désamorcer en ayant une tactique du « pas à pas » en expliquant la solution par doses homéopathiques, en ouvrant et fermant des portes habilement, comme une araignée tisse sa toile.
• Trouver un ou des ambassadeurs ayant une oreille attentive à la proposition mais ne devant pas s’exposer… politiquement. Ces personnes sont souvent de bons conseils à même d’atténuer les effets « politiques » en désamorçant les critiques et en évoquant le projet en « off ».
• Dans certains cas, travailler par l’absurde, c’est-à-dire proposer d’abord des solutions « hors contextes » ou très radicales afin de provoquer un électrochoc auprès de la Haute Direction, puis revenir avec des solutions plus « conformes » mais qui permettent d’atteindre les objectifs qu’on s’était fixés.
• Travailler par « ruse » ou par flatterie, c’est-à-dire laisser croire à la Haute Direction qu’elle a trouvé « LA » solution…
Dans tous les cas, il est recommandé de documenter les diverses étapes afin de pouvoir argumenter, au moins en interne, le moment venu et assurer que « l’organisation n’explose pas avec le projet » : les politiques ont l’art bien connu du « deux poids, deux mesures » : lorsque cela fonctionne, c’est eux ; lorsque cela échoue, les autres et les circonstances sont responsables…
Il existe enfin des projets tellement politisés et/ou malsains qu’il faut, si possible, ne pas les aborder, les faire trainer voire les « enterrer » tant que le terrain est hostile.
Toutes ces mesures ne sont que des « contournements » de politiques qui nous échappent : cela n’a rien de glorieux ni de satisfaisant, mais il faut parfois passer par ces étapes.
Les projets qui n’ont pas aboutis opérationnellement, simplement parce que la politique s’en est mêlée, sont légion au niveau d’un groupe. Il faut néanmoins garder en mémoire qu’il existe de « bonnes politiques » qui font avancer les projets de manière satisfaisante.
Pour conclure, lorsque beaucoup de décisions sont politisées dans un groupe, il faut se positionner et se questionner si sa propre place et sa fonction sont en phase avec son éthique et sa déontologie personnelles. Si oui, il n’y a aucun souci, dans le cas contraire, il faut avoir le courage de sortir du jeu.
Bon début d’été, bons projets, bonne lecture et à bientôt.