L’emballement médiatique et les propos peu amènes autour de la reprise de Crédit Suisse par UBS le dimanche 19 mars 2023 appelle une réaction.
Constatons tout d’abord la naissance spontanée de nombreux spécialistes économiques et en gestion bancaire, chacun ayant son interprétation, ses jugements alors que la plupart des personnes, ne leur en déplaise, n’y connaissent rien ou presque.
Comparer la situation de 2008 avec celle d’aujourd’hui constitue une erreur car beaucoup a été entrepris dans le domaine de la gouvernance et dans les contrôles depuis près de 15 ans. En outre, c’est oublier que le déclencheur des derniers troubles autour de Crédit Suisse a été la faillite d’une banque régionale aux Etats-Unis et la perte de confiance des investisseurs dans le système bancaire en général. Peut-être que les solutions envisagées n’étaient pas les bonnes à l’époque : on est toujours plus intelligent après…
La prise de risques du Crédit Suisse avec sa banque d’investissement a été trop forte, ce qui se voyait malheureusement depuis plusieurs années. Elle en a payé le prix fort le 19 mars. Il est maintenant facile d’accuser UBS, la FINMA, la BNS, le Conseil fédéral alors que leurs marges de manœuvre et le temps à disposition étaient très limités.
Il est exact que l’état a dû renflouer les caisses d’UBS en 2008 avec un prêt, mais il faut immédiatement ajouter que ce prêt a été intégralement remboursé et que cette opération a rapporté 6 milliards d’intérêts à la Confédération !
Les positions actuelles de certaines personnes ou médias s’apparentent à celles de fossoyeurs avides de liquider une branche qui génère (encore) des milliers d’emplois et paie des milliards d’impôts en Suisse.
Cette attitude destructrice et culpabilisatrice représente du pain béni pour les autres places boursières en Europe, aux USA et en Asie qui ne cherchent qu’à affaiblir le secteur financier de notre pays. Font-elles beaucoup mieux que nous ? Permettez d’en douter !
L’UBS ne voulait pas acquérir Crédit Suisse : peut-on la blâmer d’avoir soutenu les autorités dans leurs démarches, de stabiliser les marchés et les places financières ? C’est parfaitement normal qu’UBS cherche à obtenir des garanties : si elle ne le faisait pas, elle serait accusée d’amateurisme.
Il y a dans ce pays et dans certains médias un grand nombre de personnes qui ont ce que le monde germanophone qualifie de « Schadenfreude », difficilement traduisible en français, mais qui pourrait être cette « joie face aux dégâts ».
Est-ce une forme de « racisme primaire » face à l’argent, aux banques, à la finance ? Est-ce oublier que plus de 90’000 personnes travaillent honorablement et sans les énormes bonus cités dans les médias, payant des impôts et faisant travailler notre économie ? Ou est-ce simplement de la jalousie ? Peu importe finalement, ce côté négativiste a quelque chose de malsain et de pervers.
Il semble évident que des prises de risques et des fautes commises font parties de l’entreprenariat et de l’industrie, même s’il est vrai que les proportions et les attitudes de certains dirigeants sont particulièrement détestables. Est-ce pour cela qu’il faille « jeter le bébé avec l’eau du bain » ? N’en déplaise à certains, définitivement non.
A la vue de l’environnement international très délicat pour ne pas dire anxiogène, il faudrait peut-être garder raison dans certains dossiers et ne pas surréagir comme aime à le faire certains politiciens, citoyens, médias et médias-sociaux…
Bonne semaine, bonnes réflexions et à bientôt.