Qui trop embrasse, mal étreint…

Je sais, je sais, cette citation est vieillotte, mais elle conserve toute sa saveur et son actualité de nos jours.

La notion du temps long et du temps court n’existe pratiquement plus en entreprise, tout devant être effectué rapidement, pour ne pas dire dans la précipitation. Pourquoi pas, si cela permet de mettre tout le monde d’accord et que le personnel n’est pas exagérément mis sous tension inutilement.

Que l’on ne s’y méprenne pas, il ne s’agit pas ici de faire l’apologie de la « protection du travailleur » contre le patronat. Il s’agit plutôt de déplorer une nouvelle posture dans beaucoup d’entreprises au niveau du management : il faut tout savoir, tout de suite et dans tous les domaines : ce sont un peu les réseaux sociaux poussés à l’extrême dans l’entreprise.

Ne pas savoir quelque chose en qualité de manager est devenu une tare, un manquement, voire de l’incompétence. Et alors ? Doit-on vraiment tout maîtriser à tous les échelons, à toutes les étapes d’un processus ?

On constate que les jeunes managers deviennent des hyperactifs en puissance, quitte à s’épuiser inutilement et augmenter la charge mentale de manière totalement inutile. C’est là que le « qui trop embrasse, mal étreint ». Quelques constats :

• Survoler tous les sujets, mais on ne peut plus les maîtriser. • Ne plus arriver à trier entre l’important et l’urgent. • Croire tout savoir et comprendre, alors que l’on ne sait pas grand-chose en vérité. • Avoir des milliers de contacts et un réseau totalement disproportionné, mais ne plus arriver à détecter les personnes clés dans l’entreprise ou chez les partenaires. • Vouloir sauver le monde avec des phrases déclamatoires, mais être incapable d’analyser les difficultés de son voisin. • Considérer son nombre de participation aux séances en tous genres comme un gage de performance.

La liste est longue… mais pas rassurante. A un certain niveau hiérarchique de management, il est souvent préférable de

• Déléguer et montrer sa confiance en soulignant les compétences de chacun (ce qui ne signifie pas être naïf…),

• Définir 4-5 « combats à mener » et conserver cette ligne sur la durée,

• Se focaliser sur les actions qui font la différence et vont imprimer une « empreinte personnelle »,

• Prendre le temps d’aider ses cadres et son personnel à atteindre les objectifs,

• Bloquer des plages « vides » dans l’agenda afin de pouvoir s’accorder du temps et disposer d’une certaine flexibilité.

La surexposition, la suractivité et la surenchère à laquelle on assiste dans les entreprises sont inquiétantes à plus d’un titre. Le bienêtre du management devient aléatoire et l’entreprise croit atteindre ses objectifs, alors que cela n’est pas parce que cela bouge beaucoup que cela bouge bien…

Il faut espérer que cette manie du « je suis sur tous les fronts » va s’estomper, car cela ne pourra pas donner de bons résultats dans les 5-10 prochaines années. Faire moins mais mieux, est peut-être la solution. Alors, le « qui trop embrasse, mal étreint » est-il vraiment désuet ?

Bonne lecture et à bientôt.

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