Souvent évoqué dans le cadre des grèves, un constat demeure : il est bien plus difficile de terminer un projet que de le commencer.
Au-delà de la satisfaction d’être « arrivé au bout », la clôture d’un projet s’accompagne souvent d’aspects administratifs et techniques pour le moins rébarbatifs. À vrai dire, rares sont ceux qui s’enthousiasment pour cette ultime phase.
Dans la plupart des projets, notamment dans le domaine de la construction, il faut souvent pousser les prestataires à effectuer les levées de réserves, à remettre les documents, à maintenir les ressources nécessaires pour les finitions, etc.
Mais un autre aspect, plus humain, est tout aussi essentiel : veiller à ce que l’équipe puisse clôturer le projet sereinement et avec apaisement. Dans le cas de projets de longue durée, leur achèvement s’apparente parfois à un véritable travail de deuil.
Il est alors précieux de se remémorer les bons moments, les défis relevés, les choix parfois épiques opérés par des « spécialistes » qui ne le sont pas toujours, ou encore les desiderata de certains chefs privilégiant le « beau » au détriment de « l’efficace ». Ces instants de souvenir peuvent prendre bien des formes, mais une chose est sûre : il ne faut jamais en sous-estimer l’impact.
Au terme d’un magnifique mandat de près de cinq ans auprès d’une grande banque privée genevoise, j’en tire une fois encore la même conclusion : le temps passe vite, et ce sont les femmes et les hommes de bonne volonté, alliant compétence, résilience, humour et savoir-faire, qui font toute la différence.
Partager ses expériences, proposer des solutions innovantes, bousculer certains « a priori », s’investir pleinement dans un projet tout en sachant que l’on devra un jour le quitter : tout cela est passionnant, mais demande aussi de savoir rebondir. Clore son mandat dans les meilleures conditions possibles, pour le client comme pour soi-même, n’a rien d’évident. Derrière l’émotion naturelle de quitter des collègues chaleureux, il faut aussi soigner sa sortie.
Avant de repartir vers de nouvelles aventures, il importe de transmettre les bonnes informations, de laisser la place aux autres, et de permettre au navire de poursuivre sa route.
La plupart des mandataires d’un grand projet sont rapidement happés par un nouveau défi, une autre mission. Dans tous les cas, il convient d’anticiper la fin de son mandat avec rigueur et minutie.
Quand la partie s’achève, il faut savoir se poser les bonnes questions, comme tout bon joueur : ai-je envie de rejouer, ou de voguer vers d’autres horizons ?
Les choix ne sont pas toujours simples, mais une certitude demeure : il ne sert à rien de se retourner sur le passé. Mieux vaut s’en nourrir pour rebondir et avancer avec succès.
Bonne lecture — et à bientôt pour de nouvelles aventures.
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